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Puis le matin s’était levé. Les rayons perçaient les feuillages épais de Kopef, le feu donnaît peu à peu relais au son homologue odéonien. Le fleuve de Kopef s’écoulait lentement vers la mer, qui devenait océan. Les marchands échangeaient des fournitures contre certains produits naturels. Les Drakans et les Nalkiris, qui pourtant ne dormaient généralement que d’un œil, avaient assisté à une merveilleuse matinée. Mais le jour n’apportait pas que le soleil.
On eût tôt fait de remarquer la silhouette qui se dressait près de la pierre d’Aeltisis. Rapidement, quelques Drakans y furent. On y rencontra l’Émissaire ophidienne; il envoya quérir des Nalkiris; ils arrivèrent. Le plan formulé par Daerk était mis en application, Torkelm récitait a l’Ophidienne l’éventuelle livraison drakanne, mais on stipula que le temps manquait et que les Nalkiris devaient se procurer de la main d’œuvre facile encore un moment. Les dés étaient lancés, le jeu se déroulait sous les yeux effarés d’une dizaine d’individus. Mais l’Ophidienne ne se laissa pas bernée longtemps, elle se rendit par voie magique en le fortin ophidienne faisant front au sud de Kopef. Peu après, les portes étaient ouvertes et des centaines de queue serpentaient sur le sol verdoyant. La peur serra nos frères, nos sœurs, nos varsdas à la gorge et y appliquait toute son énergie. Les jambes ne désiraient que fuir; la tête devait rester. Tous gardèrent la formation, tremblants, haletants, suffoquants.
Du côté drakano-nalkiri, Torkelm prit la charge de la défense. Tous se tenaient droits, épaules à épaules, vieux, jeunes, sharka, karsha, guerriers, fermiers, etc. Un merveilleux discours galvanisa les troupes, encore bien maigres, mais de l’issue du combat résulterait le sort de deux peuples et de ce que les nalkiris appelaient « on wakoum ». Les fers tirés, la résistance kopefienne, qui avait plutôt des allures de milice partisane, rencontra la terrible armée ophidienne. Le choc fut terrible. Rapidement, l’herbe s’abreuva à même le sang.
Le premier assaut fut repoussé sans grandes pertes, les rangs drakano-nalkiris s’étant vu renforcé peu avant l’affrontement de plusieurs gens dont un daëlwena. les Ophidiennes en furent même destabilisées. Il n’en fut pas de même pour le deuxième. Une troupe prit à revers la milice et leur infligea plusieurs pertes, il n’en fut pas mieux pour la seconde vague de ce deuxième assaut qui contenait la garde d’élite ophidienne. Cette garde, qui avait si aisément trépassée sous Tarasktar, avait fait une véritable percée dans les rangs de nos compatriotes. Ils s’étaient vu acculé, sur le seuil, sur le point de succomber. Mais la résistance résista et avant que cette vague ne fusse repoussée, de nombreux Kardars vinrent enrichir les rangs anti-ophidienne. Les Ophidiennes dont les rangs s’étaient vus considérablement réduits se replièrent dans ce fort qu’elles croyaient impénétrable.
À tort. Les troupes, après avoir récupéré, assiègerent l’énorme bâtiment aux palissades imprenables par le fer et la chair. Le feu, lui, eût tôt fait d’avoir raison de ce bois exposé au soleil. Rapidement, le fer tordu des grilles céda. Alors, entre les flammes, la fumée et le sang, s’affrontèrent une dernière fois les deux armées. La victoire de l’alliance kopefienne fut éminente. Le fort et les Ophidiennes iraient nourrir les champignons et la vermine.
Fut ensuite organisé de grandes festivités en Kopef. Tous échangèrent, tous étaient frères et sœurs, peu importe la température du sang, la couleur de la peau ou la taille. Tous avaient vaincu ensemble. Cette fois-ci, du moins.
Les pertes furent imposantes, non pas colossales, mais considérables. Les mots, aussi puissants soient-ils, n’avaient su venir à bout de la détermination ophidienne. Le feu et les armes y étaient parvenu après de nombreuses tentatives. Le sang versé ne le fut pas en vain. Mais cette situation représentait l’échec cuisant de la diplomatie. Ou bien étais-ce l’alliance efficace de la plume et de l’épée?